Voici une histoire qui peut-être résonnera par rapport à des faits similaires que vous auriez vécus. En écrivant ceci, j’ai compris à quel point un évènement apparemment insignifiant pour un adulte, et peut-être même pour une communauté entière, peut marquer un individu.
Mes parents m’avaient acheté un cartable en cuir. Ils devaient être très fiers et heureux de ma rentrée en CP et souhaitaient m’équiper d’un sac solide.
Je me souviens encore de cet instituteur convaincu qui clamait haut et fort : « Aucun de vous n’a de sac en cuir, voyons ! ». Je me vois alors lever la main pour dire que, ben si, moi j’en avais un. Et ce professeur de s’obstiner dans sa croyance que non, décidément, ce n’était pas possible qu’une enfant de six ans ait un cartable en cette matière qu’il considérait, à l’évidence, réservée aux plus grands.
J’ai le souvenir d’avoir timidement tenté de défendre ce que je savais vrai, mais d’avoir vite abandonné face à une telle conviction d’adulte surpuissant dans sa classe. « Et pourtant, il est bien en cuir mon sac… », pensais-je.
Cet épisode m’est revenu alors que je rangeais des dessins dans ce cartable que j’ai toujours, aujourd’hui à 48 ans. Comme quoi, il était bien solide… Et je ressens encore le doute de cette petite fille.
Cette situation s’est reproduite plusieurs fois dans ma vie, sur des sujets différents. L’on me montrait ou m’affirmait quelque chose alors que je sentais que c’était faux.
Petit à petit, j’en suis donc arrivée à douter de moi. Ce que je sentais vrai l’était-il réellement ?
Et puis un jour, la maturité aidant, j’en ai eu assez et me suis mise très en colère.
J’ai décidé que, dorénavant, je croirais ce qui émanerait de moi et que je ferais confiance à cette petite voix ainsi qu’à mes ressentis.
Ce changement fut brutal et perturbant. Je n’avais pas l’habitude.
Je me donnais du crédit, même si je me mettais encore souvent en colère face à ce que j’identifiais comme des mensonges. Ce sentiment était assez grisant.
Je m’affirmais. Je tenais tête. Je ne me laissais plus impressionner.
Cet épisode du cartable, et ceux qui suivirent furent donc très importants. Ils constituèrent le socle sur lequel je posai un jour mon ras-le-bol. Pour me dire oui, et le faire savoir au monde !
On voit ici à quel point la colère est bénéfique dans un processus d’affirmation de soi. Elle est souvent montrée du doigt, alors qu’elle peut signer le point de départ d’une nouvelle posture.
Croire en soi et le défendre aux yeux des autres n’est pas évident. C’est une attitude qui peut s’apprendre et qui prend naissance le plus souvent dans un trop plein.
Si vous connaissez ce sentiment, réjouissez-vous. Il vous servira de socle pour statuer avec vigueur que votre avis compte et que vous le défendrez quoi qu’il arrive.